Cet article décrit notre recherche d'une caravane pour remplacer la notre qui a tiré sa révérence en juillet 2021.
J'espère qu'il sera utile à des personnes qui cherchent elles aussi une caravane pas (trop) chère, mais sans galère!
Il ne s'agit pas de règles absolues à suivre, mais de notre ressenti par rapport au marché des caravanes d'occasion, en tenant compte de nos expériences et de nos possibilités.
Divers aspects seront abordés (Dans le désordre):
- Age
- Gamme de prix
- Hivernage
- Points importants
- Conclusion
- Epilogue
Posons le problème :
Notre caravane Sterckeman a 33 ans, et la tôle est corrodée de partout, le bois est gorgé d'eau, bref elle est au delà d'une possibilité de réparation cette fois.
Nous commençons donc en juillet 2021 la recherche d'une caravane avec des caractéristiques définies:
- 4 couchages taille adulte (les enfants ont grandi!)
- entre 4m30 et 5m d'espace intérieur
- un PTAC de 1200 Kg maxi
- Pas de travaux titanesques comme le remplacement des boiseries dans les murs. Les menues réparations ne nous dérangent pas.
- Pas de mérule!
- Budget maxi de 4000 €
Nos principaux canaux de recherche :
- Les sites internet de vente entre particuliers (Le Bon Coin, Facebook Marketplace, et d'autres sites locaux...). Les sites spécialisés dans les ventes de caravane ou professionnels ne proposant quasiment rien dans notre budget, nous les laissons de coté.
- La tournée des hiverneurs de notre région (PACA) pour demander "si des clients ne voudraient pas vendre leur caravane, par hasard...". Nous avons eu de nombreuses réponses positives.
Une caravane pour quel usage?
Pour un vacancier, il y a principalement deux façons d'utiliser sa caravane :
- L'habitué, qui vient depuis 25 ans dans le même camping, au même emplacement, et qui laisse sa caravane chez un hiverneur à proximité du camping. On le reconnait, car il n'a pas d'attelage sur sa voiture!
- Le voyageur, qui se déplace d'un endroit à l'autre, un peu comme les étapes du Tour de France. Il attelle, il dételle, il attelle... Il pourrait avoir un camping car, mais c'est tellement plus pratique de se déplacer avec sa voiture quand il reste plusieurs jours dans un endroit qui lui plait. Il pose la caravane, plante l'auvent (ou le gonfle ) mais se tient prêt à repartir en quête de nouveaux lieux à découvrir.
On comprend aisément que dans le premier cas, une caravane qui n'est plus de première jeunesse peut faire l'affaire, car elle ne subira guère les contraintes de la route. En revanche, pour voyager, la cellule de la caravane doit être bien rigide, sous peine de voir se développer des fissures dans les jointures.
Quel âge pour une caravane?
Je vous répondrai comme Fernand Raynaud " Ca dépend...si y'a du vent...si il pleut... si il fait beau..."
En effet la santé d'une caravane dépend en grande partie de son exposition aux éléments, plus que de son âge. Dans certaines limites, bien entendu. Et c'est en grande partie lié à la région ou elle est stockée.
Je m'explique : nous habitons sur la Cote d'Azur. Les terrains sont rares, leur prix est donc très élevé. Les conditions météo sont plutôt clémentes, et les hiverneurs, peu nombreux, ne disposent généralement pas de hangars pour stocker les caravanes. Rares sont ceux qui proposent un hivernage sous abri, ces places sont très convoitées, et donc chères. Conséquence : l'immense majorité des caravanes hivernées dans le sud passent leur vie sous l'alternance soleil très chaud/ pluies orageuses.
Cela n'est pas sans conséquence sur leur durée de vie. Les plastiques se craquèlent rapidement, tout comme les joints, car la dilatation fait travailler les assemblages. L'eau finira par s'infiltrer, et la chaleur qui suit favorise le développement de la mérule.
La MERULE! cet ennemi des caravaniers ( et de tout possesseur de structure en bois, d'ailleurs). Elle noircit le bois et le transforme en étoupe. Si vous voulez en voir un exemple, je vous invite à lire le premier article de ce blog : "Restauration d'une caravane Sterckeman". Les photos sont éloquentes, tout comme le travail que cela engendre. je reviendrai plus en détail sur ce point primordial.
Prenons maintenant l'exemple d'une région à forte pluviosité. Si une caravane dort dehors en permanence dans ces conditions, il est clair qu' au bout de 5 ans, elle est fichue. La pression immobilière est souvent moins forte dans ces endroits, et il existe plus de possibilités de construire des hangars, ou de reconvertir des lieux de stockage pour abriter des caravanes ou des camping cars. Ainsi, nous avons pu constater que loin de chez nous les caravanes sont souvent mieux abritées, et donc mieux conservées. Cela peut paraitre paradoxal, mais si il pleuvait tout le temps sur la Cote d'Azur, on y trouverait plus de hangars pour les caravanes.
Une petite remarque qui corrobore cet état de fait : la quasi totalité des hiverneurs en PACA utilisent des terrains classés en zone inondable, car il est impossible de construire dessus. Cela permet de les rentabiliser.
Pour donner un ordre d'idée sur l'âge des caravanes visitées, j'ai vu en Aveyron des modèles de 40 ans dont la structure était en parfait état. Pourquoi? parce que depuis trèèèès longtemps elles ne voient le jour qu'un ou deux mois par an, en été. Elles passent le reste de leur vie dans des hangars fermés, avec une ventilation et de la paille pour chasser l'humidité et protéger du froid. Elles ne restent pas aux éléments assez longtemps pour en souffrir.
Attention, ce n'est pas le cas de toutes les caravanes que nous avons pu voir dans des régions au climat moins serein que le sud.
En PACA, la quasi totalité des caravanes de plus de 15 ans que nous avons examinées présentaient des atteintes structurelles qui nous ont dissuadé d'acheter, même à prix très bas.
Les caravanes d'après 2000 étant à priori hors de notre budget, nous nous sommes concentrés sur les modèles des années 1990 - 2000.
Nous avons épluché plusieurs MILLIERS d'annonces (je n'exagère pas) et visité plus de 200 caravanes, soit en présentiel, soit en visioconférence lorsque c'était très loin de chez nous.
Notre recherche a duré plus d'un an avant que nous ne trouvions LA caravane qui nous convient. Elle fera l'objet d'un article séparé.
Les points primordiaux :
L'humidité : Les murs d'une caravane sont composés d'un sandwich de tôle d'alu, de mousse polystyrène, et de panneaux décoratifs très minces. Ces murs sont sensés être étanches. Cela signifie que toute humidité, ou eau qui entrera ne pourra pas ressortir, ou du moins très difficilement.
En cas de fuite, ou de joint défectueux, l'eau s'infiltrera dans la cloison. Même après réparation de la fuite, cette eau sera emprisonnée. La chaleur que subira la caravane conjuguée à cette humidité favorisera le développement d'un champignon appelé la Mérule. Son action sera invisible pendant des années. Elle va peu à peu dévorer des composants du bois, et le transformer en étoupe. Cela va ôter toute solidité aux parties en bois qui structurent les murs, en général des tasseaux de bois léger de 28 * 28 mm.
Quand j'arrive pour visiter une caravane, je ne rentre même pas dedans. Je me penche dans le coffre avant, et j'envoie la main pour tâter la tranche des murs et de la façade. Si la main revient mouillée, inutile d'aller plus loin, je fais demi tour. Le coffre des caravanes est en effet moins "habillé" que l'intérieur de l'habitacle, et les défauts de boiserie sont plus aisément perceptibles. Cela n'est bien sur valable que pour les caravanes avec un coffre intégré, et non pas rapporté (généralement présent sur des modèles plus anciens).
Si l'intérieur du coffre n'éveille pas de soupçon, je commence à faire le tour de la caravane en tapant dessus avec les ongles, comme pour jouer du bongo. Si le son est clair, le mur est à priori sain. Si ça sonne "mat" ou "assourdi", alors il y a ou il y a eu de l'humidité dans la paroi. C'est aussi simple que cela. Si je l'avais su, notre première caravane...et bien, je ne l'aurais pas achetée!
Quelle est l'explication? Cette différence de sonorité provient du fait que lorsque le bois d'armature est sain et sec, il est rigide et va peu amortir les vibrations de la tôle sur laquelle on frappe avec les ongles pour créer des fréquences aigues. En revanche, un bois humide, ou pire, bouffé par les champignons, va manquer de rigidité , et former une sorte de coussin qui va fortement amortir les vibrations de la tôle, et en premier les sons aigus. CQFD.
Il est important de vérifier si une pression sur un panneau engendre un déformation de celui-ci, révélant un manque de rigidité. Ce point n'est pas forcément rédhibitoire, mais demande à être quantifié.
L'odeur : Après ces premières observations, je pénètre dans la caravane, et je respire fort. L'odeur de l'humidité est facilement reconnaissable, elle évoque le champignon au fond des bois. Sa présence me fera probablement tourner les talons.
Le Sol : Ces même talons vont me servir pour évaluer la rigidité du plancher. Un sol spongieux révèle lui aussi une caravane ayant souffert de l'humidité, principalement aux endroits de fort passage comme l'entrée. Le plancher situé juste derrière la porte n'est pas en effet soutenu par les longerons, mais par les tasseaux de bois qui encadrent le sol de la caravane. C'est souvent le premier endroit ou le sol devient mou. A partir d'une vingtaine d'année, toutes les caravanes ou presque commencent à souffrir de ce défaut. Ce n'est pas obligatoirement grave, il faut juste ne pas avoir l'impression que l'on va passer au travers.
Un autre endroit ou le sol souffre beaucoup, c'est la salle de bain, pièce humide par excellence, surtout si elle comporte une douche. Regardez le bas des murs, le bas de la porte. Vous voyez tous ces petits endroits ou l'eau en demande qu'à s'infiltrer? Cherchez des traces noires, signes d'humidité persistante.
Les coins : Je scrute ensuite les angles de la caravane, pour détecter des signes éventuels d'humidité, comme un gonflement ou un décollement du revêtement intérieur. Si c'est le cas, on trouvera probablement de la mérule en dessous, et la zone touchée sera souvent bien plus importante que ce qu'on imagine. Internet regorge d'histoires ou "un petit coin de rien du tout" s'est transformé en "plusieurs mètres carrés".
Les poignées : pensées à l'origine pour déplacer la caravane et ajuster finement sa position, elles sont souvent la cause première du pourrissement de la cellule. Les raisons sont multiples:
- La cellule d'une caravane n'est pas conçue pour encaisser les efforts lors d'un déplacement. C'est le châssis et le timon , parties métalliques, qui doivent assurer cette fonction. Mais il est plus difficile de tenir le timon à la main que de pousser ou tirer sur les poignées. Cependant, ces efforts alternés vont agrandir au fil du temps les trous de fixation des poignées, et l'eau va s'infiltrer sournoisement le long des vis. La suite, on la connait : au bout de plusieurs années, en déplaçant la caravane, la poignée va nous rester dans les mains. On remplace alors les vis à bois par des boulons avec rondelles et écrous, qui traversent la paroi, en se disant que ca sera plus solide...mais le mal est déjà fait. L'eau est rentrée, tel un cheval de Troie et commence son lent travail de sape.
- Sur de nombreuses caravane, les poignées sont situées non loin des fenêtres avant et arrière. Ce sont justement les zones ou les murs sont moins rigides, et donc plus fragiles.
- les zones de fixation des poignées sont souvent cachées par les rideaux, la literie, les coussins. On n'y prête pas assez attention lors de l'usage ou de la visite d'une caravane. J'ai même vu des caravanes vendues par des professionnels souffrir de ce genre de défaut.
La jonction des murs entre eux : A surveiller surtout vers le bas de la caravane. Si de l'eau s'est infiltrée par les jonctions entre panneaux, elle cheminera vers le bas, et fera gonfler le bois sous les profilés aluminiums ou plastiques. A terme, les vis qui maintiennent la jonction vont s'arracher d'elles-mêmes, causant de nouveaux points d'entrée pour l'eau. Regardez le nombre de caravanes dont les angles sont recouverts de fibre de verre, ou pire, de scotch toilé, communément appelé "Gaffer".
La jonction du toit avec les murs : pour voir cela, il faut monter sur une échelle. Mais ce point est extrêmement révélateur. Tout joint souple qui a fissuré permettra à la pluie de se frayer un chemin vers l'intérieur des panneaux. N'oubliez jamais que les murs sont normalement étanches sur leurs deux faces, mais pas sur la tranche!
Petite remarque sur les joints de caravane : Le mastic silicone est une très mauvaise idée. Il n'adhère pas longtemps de façon globale, et laissera passer l'eau par endroits au bout d'un certain temps. Sur les caravanes, on utilise du mastic de type butyl, qui reste collant et souple, ou alors des mastics de type "Sikaflex" (c'est pas de la pub!) avec des adjuvants spéciaux pour résister aux UV.
Les lanterneaux : point crucial de l'étanchéité, talon d'Achille du toit, le lanterneau demande une attention renforcée. Contrairement aux fenêtres, il est situé sur une partie plane, ou l'eau a tendance à stagner. Seul le mastic posé à l'origine entre le lanterneau et le toit réalise l'étanchéité. En outre, cette partie de la caravane subit les variations de température plus que n'importe quelle autre. D'où sa propension a favoriser le décollement du mastic, et les infiltrations.
Gardez bien à l'esprit que si vous voyez des traces au plafond de la caravane, cela signifie que l'eau a depuis longtemps franchi la barrière du mastic d'étanchéité, imbibé l'épaisseur du toit - bois et mousse - et débordé vers l'intérieur de la caravane. Il est impératif de rechercher dans ce cas la présence éventuelle de mérule ( et oui, toujours elle!) et d'évaluer l'extension des dommages sur le bois. Le démontage de la partie intérieure du lanterneau - souvent un simple cache clipsé - sera la plupart du temp révélateur de l'état réel du toit.
Et les entourages des fenêtres, me direz vous? oui, c'est un point potentiel d'entrée d'eau, surtout si la face avant est inclinée, mais l'expérience m'a montré (étonnamment) qu'une caravane ne commence jamais (ou presque) à prendre l'eau par un cadre de fenêtre, sauf si la vitre est brisée, mais ça, on le repère de suite. Sur plus de 200 caravanes visitées, bon nombre comptaient des infiltrations qui paraissaient venir des entourages de fenêtres, mais trouvaient en réalité leur origine dans les poignées de déplacement, ou dans les vis du rail d'articulation de la baie vitrée.
Conclusion :
Vous m'avez suivi jusque là ? Quel courage! Une fois tous ces points passés au crible, vous aurez probablement éliminé 99% des caravanes visitées. C'est une triste réalité, qui a rythmé nos weeks-ends pendant plus d'un an.
Et là, le désespoir finit par s'installer. On commence à se douter de ce qu'on va trouver lors de la visite suivante, à se dire " tu crois vraiment que ça vaut le coup d'y aller pour voir?", à scruter la moindre tache sur les photos de l'annonce, à suspecter toutes les zones de la caravane qu'on ne peut pas voir sur les images. On arrive sur le site, on tâte deux parois, on comprend que c'est fichu, que ça sera pas celle là, sous le regard étonné (ou pas...) du vendeur qui ne comprend pas comment on peut prendre une décision en quelques secondes... "Mais...vous n' avez même pas vu l'intérieur???"...pas la peine...elle est pourrie (Ca, on le dit pas parce qu'on est bien élevé.)
La caravane parfaite n'existe pas, sauf si elle est neuve, ou presque...et très chère. Mais une caravane acceptable, à un prix raisonnable, ça se trouve. Ca prend du temps. Il y aura obligatoirement des réparations à faire. Le principal, c'est d'éviter celle qui touchent la structure des parois. Les deux maitres mots du choix sont à mon sens : étanchéité et rigidité. Le reste, ca se répare "relativement facilement". Les moyeux et les freins d'une caravane sont relativement simples dans leur conception, et les pièces détachées sont facilement disponibles. Le circuit électrique d'une caravane de 20 ans n'est pas très complexe non plus.
Epilogue :
Nous avons fini par trouver notre caravane au bout d'un an, c'est une Caravelair 486 de 2003, dénichée vers Limoges en 2022. Nous avons eu pas mal de réparations dessus, mais la cellule était saine. C'est ce qui a décidé notre achat. Et nous avons pu partir en vacances cet été sans crainte de voir la pluie nous tomber sur la tête! Mais ça, c'est une autre histoire...